Karen – La douceur de mon allaitement face à un RGO compliqué.

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1. Si tu le souhaites, tu peux me faire une petite présentation de toi.

Je m’appelle Karen, j’ai 28 ans et j’habite entre la Saône-et-Loire et l’Allié. 

Je suis Pacsée depuis 7 ans, et je suis la maman de Paul, 2 ans et demi et d’une petite deuxième qui devrait pointer le bout de son nez d’ici quelques jours…

Je viens vous raconter ici l’histoire de mon allaitement avec Paul qui a été d’une vraie douceur à travers un RGO très compliqué.

2. Quel était ton rapport avec l'allaitement avant de devenir mère?

Avant de devenir mère, je n’avais pas un avis tranché sur la question… Je suis de nature très pudique et une partie de moi avait du mal à imaginer allaiter facilement avec de la famille ou des amis dans les environs. 

J’avais très peur de ne pas être suffisamment à l’aise avec mon corps pour pouvoir allaiter sans problème et je ne connaissais pas grand chose à ce sujet.

3. Comment s'est déroulé ton accouchement en quelques mots, et surtout le début de ton allaitement?

J’ai toujours développé une peur bleue de l’accouchement, c’était une étape que j’attendais avec énormément d’appréhension. Pour cette raison, je ne m’étais pas fixé de projet de naissance très précis, l’idée était déjà de découvrir ce qu’était une contraction, de me sentir libre de demander ou non une péridurale…

Le jour J, mes premières contractions ont débuté à 5h du matin, elles étaient régulières mais très espacées. J’ai réussi à bien gérer le travail à la maison et nous sommes partis à la maternité à 17h. 

À 23h, j’ai demandé une péridurale qui a été très fortement dosée et a énormément ralentie le travail. Le lendemain matin, je ne ressentais toujours plus les contractions. À dilatation complète, c’est la sage femme qui m’indiquait les contractions en regardant le monitoring pour pouvoir pousser au bon moment car je n’avais aucune sensation et cela a été très frustrant. Malgré cela, j’ai eu une poussée efficace qui a duré 15 minutes avant d’avoir mon bébé dans les bras. 

Pendant la grossesse, mon choix c’était porté sur l’allaitement et j’avais très envie de le réussir. 

 

Pour cela, je m’étais beaucoup renseignée en amont de l’accouchement, notamment en lisant l’un des livres de la Leche League.

Quelle joie alors de voir que l’allaitement se met en place naturellement et sans aucune douleur dès le premier jour. Paul a pris le sein tout de suite et je n’ai pas eu besoin de beaucoup d’aide à la maternité. Une sage femme m’a légèrement rectifié la position au départ mais à part cela, nous avons été super autonomes tout de suite.

En revanche, dès le premier jour à la maternité, Paul a montré des signes de RGO (reflux gastro-oesophagien)… Pendant la première nuit, il s’est étouffé dans son berceau, je l’entendais faire un bruit bizarre, il était en train de s’étouffer. En le redressant, il a craché du lait mélangé à du sang. La sage femme m’a tout de suite rassurée en me disant que ça arrivait qu’après l’accouchement les bébés évacuaient souvent des glaires et qu’il ne fallait pas s’inquiéter. 

Pendant tout le séjour à la maternité, il pleurait beaucoup et régurgitait. Je voyais bien qu’il n’aimait pas que je le pose sur la table à langer ou dans son lit, en position allongé de manière générale, mais au début on ne se pose pas trop la question… c’était mon premier enfant.

Une fois rentrée à la maison, il continue de beaucoup régurgiter et il m’est impossible de le laisser à plat sans des hurlements. À la visite de ma sage femme quelques jours après, j’échange avec elle sur le sujet et elle me prescrit un gel polysilane pour le soulager après chaque tétée. 

Ce gel n’a pas vraiment apaisé ses douleurs, Paul pleur de plus en plus et la régurgitation continue intensément. Je pouvais entendre le bruit du liquide qui remontait et descendait dans son oesophage. 

Après quelques jours, la sage femme revient pour contrôler la courbe de poids. Je me confie à elle tout de suite

“Je sais qu’un bébé pleur, mais là c’est vraiment très dur je ne m’attendais pas à cela.”

 
Elle me conseil alors de voir l’un des pédiatres de la maternité en rendez-vous d’urgence.
Ce jour là, j’arrive un peu fébrile en étant persuadée qu’il me dirait “et oui, un bébé ça pleure et ça vomit…”. Mais pas du tout, le pédiatre a tout de suite confirmé que Paul avait une œsophagite qui provoquait ces reflux internes et externes. Il lui a tout de suite prescrit un traitement (le galiscon au départ), puis au bout de un ou deux mois, le gynexium qui est un peu controversé et que l’on donne plutôt en dernier recours.

 

Le RGO au début de mon allaitement a été tout de suite décelé et nous avons immédiatement été très bien pris en charge. On a eu la chance de tomber sur des soignants très à l’écoute bien que cela ne rende finalement pas les choses beaucoup plus simples car la difficulté du RGO est très rude. On avait du mal à voir le bout. Dès son premier mois de vie, j’ai dormi assise avec lui dans les bras. J’avais tout le temps peur qu’il s’étouffe en le laissant allongé sur le dos, et les quelques fois ou j’ai voulu essayé pour avoir une nuit plus correcte, j’était tellement en alerte que ça n’allait pas mieux.

J’ai essayé toutes sortes de portage physiologique, mais aucun d’entres eux ne lui convenait. Paul avait besoin d’être complètement droit. Il n’aimait pas avoir les jambes repliées dans les écharpes, ni la position assise du siège auto.

Le RGO a duré jusqu’à ses 6 mois, cela s’est atténué au moment de la diversification et s’est totalement arrêté un peu avant ses 1 an.

 

Le jour ou il s’est assis tout seul, nous avons vu une vraie amélioration, mais les nuits sont tout de même restées compliquées un moment.

4. Combien de temps as-tu allaité? et selon toi, quels ont été les plus gros avantages et inconvénients?

J’ai allaité 4 mois exclusivement et un mois et demi en mixte avec du lait artificiel.

J’ai repris le travail aux 3 mois de Paul en tirant mon lait et j’ai eu la chance d’avoir une nounou très aidante et à l’écoute de tout le processus logistique dans la conservation du lait maternel. Mais après quelques semaines, entre la fatigue liée au RGO et les contraintes logistiques que cela m’apportait au travail, j’ai pris la décision d’arrêter. Je reste très reconnaissante de mon employeur car j’ai tout de suite eu une salle dédiée à cela et le tire-allaitement n’a pas du tout été un sujet pour eux. J’ai vraiment arrêté par rapport à la fatigue. 

Après cet arrêt, j’ai maintenu les tétées le matin, le soir et pendant la nuit, et la journée Paul prenait du lait artificiel. 

Notre dernière tétée a eu lieu à ses 6 mois.

La liste des avantages de l’allaitement est longue, et avec un bébé RGO encore plus. Au départ je ne voulais pas maintenir l’allaitement si un lait épaissi aurait pu le soulager davantage. Mais le pédiatre m’a confirmé que le lait maternel était un bon cicatrisant pour l’oesophage brulé et que Paul tétait pour se soulager. Même si cela était fatiguant pour nous deux d’avoir toutes ces petites tétées très fréquentes, cela lui faisait du bien et c’était le principal.

Un jour, épuisée, j’ai tout de même demandé à mon conjoint d’aller acheter une formule de lait épaissi car je voulais en avoir le coeur net, mais par chance Paul a tout vomi et cela m’a aidé à aller jusqu’au bout de cet allaitement sans me torturer à penser que mon lait n’était peut être pas le meilleur pour lui.

S’il n’avait pas vomi, j’aurai peut être arrêté…

Pour les inconvénients, je ne vous cache pas que certaines nuits, j’aurais rêvé pouvoir passer le relais à mon conjoint pour pouvoir dormir. 

5. As-tu déjà reçu des commentaires qui ont pu te marquer par des inconnus ou ton entourage au sujet de l'allaitement?

Non je n’ai pas eu de remarque de l’entourage, ça s’est très bien passé.

Au tout début j’appréhendais la visite des copains à la maison, j’avais peur d’être mal à l’aise et finalement tout le monde était super bienveillant et je n’ai ressenti aucune gêne.

Concernant les inconnus, c’était plutôt le contraire. Un jour Paul avait faim et nous étions sur le parking d’un magasin. Je donnais le sein dans ma voiture quand un grand-père et son petit fils sont passés juste à côté de moi. J’ai entendu le petit garçon demander “Papi, qu’est ce qu’elle fait la dame”? et son papi lui a tout simplement répondu “son bébé a faim, elle lui donne à manger”. En sortant de ma voiture après, le Monsieur m’a interpellé en me disant:

“Et oui, quand on a faim, on n’attends pas!”

 
C’était très sympa.

6. As-tu déjà renoncé d'allaiter ton bébé par peur de gêner?

Non pas du tout, il est vrai qu’avec un bébé RGO nos balades en poussette et en cosy était assez limitées.

Mais nous étions en plein été, il faisait beau et je n’ai pas eu de problème pour allaiter sur la terrasse d’un restaurant par exemple. Ce jour là,

“Je pensais plus à surmonter ma propre pudeur, plutôt que de penser que cela aurait pu gêner le voisin de la table d’à côté.”

 

7. Que dirais-tu à une maman qui aimerait essayer l'allaitement mais qui l'appréhende?

Je lui dirais que si elle a peur, et devrait essayer car cela n’engage à rien. 

Lorsque l’on essaye, on sent tout de suite si on le veut ou non.

On peut tout à fait essayer et accepter de se dire que cela n’est pas fait pour nous, mais si on n’essaie pas, j’ai peur qu’on puisse le regretter plus tard.

8. Une prochaine aventure d'allaitement t'attend bientôt...est-ce que tu changerais quelque chose par rapport à celui-ci?

Contrairement à cette première expérience d’allaitement avec Paul, pour le second j’ai déjà anticipé la prise d’un congé parental. J’aimerais pouvoir allaiter plus longtemps et la reprise du travail avait été un vrai frein dans la poursuite de ce premier allaitement bien que mon environnement professionnel me permettait de tirer mon lait.

Le tire-allaitement n’a pas été fluide et je trouvais ça peu naturel par rapport à la mise au sein et le fait d’avoir bébé contre moi. J’étais stressée par la conservation du lait et je n’ai pas réussi à poursuivre même si je sais à quel point cela été bon pour lui.

Dans cette deuxième aventure lactée qui arrive, je sais que je vais avoir 6 mois complets avec elle et qui sait… peut être que je poursuivrai encore plus longtemps que cela car qui dit 6 mois, dit diversification, dit réduction du nombre de tétées 😉

Je suis consciente d’avoir la chance de pouvoir prendre un congé parental, mais travaillant dans la fonction publique,  la décision n’a pas été si simple à prendre. En tant que fonctionnaire, la prise de ce congé parental ne m’assure pas de retrouver mon post en rentrant, c’est donc une vraie prise de risque.  J’espère sincèrement que le congé maternité sera un jour rallongé à 6 mois, cela semblerait si normal.

J’ai décidé dernièrement de me lancer dans une formation de réflexologie périnatale (massage femme enceinte & bébé). Les grossesses offrent de réelles révélations et on verra si cela me pousse à changer de voie. Le but de cette formation est de pouvoir accompagner les jeunes parents et les bébés ayant par exemple des problèmes digestifs ou autres, et de les aider à soulager ces maux et de vivre au mieux cette période. 

10. Dans le kamasutra de l'allaitement, quelle est ta position préférée?

Celle où le bébé ne vomit pas 😉 Je dirais donc toutes les positions sauf celle allongée. 

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