1/ Si tu le souhaites, tu peux me faire une petite présentation de toi.
Je m’appelle Océane, j’ai 38 ans et j’habite dans la Loire à côté de Saint Etienne.
Je suis pacsée avec le papa de Ariane qui est née en décembre 2022.
Dans la vie je suis persuadée que pour être heureux il faut savoir faire du mixte, ne pas avoir des idées arrêtées et se laisser porter par les surprises de la vie.
2/ Quel était ton rapport avec l'allaitement avant de devenir mère?
Avant de parler de mon rapport à l’allaitement, je pense qu’il est important de parler de mon rapport à la maternité. Honnêtement je n’ai pas toujours su que je voulais avoir des enfants, avec mon conjoint nous avions envisagé aussi notre vie sans.
Nous avons essayé d’avoir Ariane pendant trois ans avec même une tentative en PMA qui a échoué.
Après cet échec, nous avions décidé ensemble de ne pas poursuivre les essais et de laisser faire la nature, même si cela pouvait vouloir dire vivre sans enfants.
Ariane est arrivée toute seule quelques mois après…
Une fois enceinte, je pense que mon métier m’a finalement orientée doucement vers le choix de l’allaitement.
En effet, je suis orthophoniste et je m’occupe beaucoup des troubles alimentaires chez les jeunes enfants. De par mon métier je suis plusieurs comptes Instagram sur la parentalité et notamment le compte de Manon de Daronie food club qui est orthophoniste aussi. J’ai aimé la manière dont l’allaitement était évoqué sur ces comptes et je me alors suis lancée dans un projet d’allaitement en accord avec mon conjoint et sans aucune pression.
J’y allais pour essayer, mais toujours dans ma conviction qu’il faut savoir s’adapter à la vie, je n’avais pas de problème à envisager un passage au biberon si cela ne me plaisait pas ou se passait mal.
3/ Comment s'est déroulé ton accouchement en quelques mots, et surtout le début de ton allaitement?
Je ne sais pas encore parler de mon accouchement sans pleurer 😉
Je n’avais pas pour projet d’accoucher physiologiquement, je savais que je voulais une anesthésie mais je m’étais donné comme objectif d’attendre d’être à 6 de dilatation.
J’ai mis plus de 24h pour arriver à 3 d’ouverture…
L’attente devenait trop longue et j’ai commencé à souffrir. Je pense qu’il est important de savoir dissocier la douleur et la souffrance. La souffrance fait mal psychologiquement, la douleur non.
J’ai souffert jusqu’à vomir de douleur, j’ai demandé la péridurale à 3. (encore une fois, ma devise dans la vie “il faut envisager d’autres possibles”.
La suite a été merveilleuse, beaucoup de repos, j’étais entourée de personnes formidables et la poussée a été un moment incroyable (avec une petite aide de la ventouse sur la fin).
J’ai adoré accoucher
C’était un moment seule avec moi-même, je savais que j’allais faire naître ma fille et qu’il n’y avait que moi qui pouvait le faire.
La première tétée s’est très bien passée dans la salle de naissance et à la maternité.
Elle a fait du peau à peau avec son papa et a aussitôt pris son pouce pour continuer à téter, nous avons compris qu’elle n’aurait pas de problème de succion.
Après une semaine de vie, notre médecin nous inquiète sur la prise de poids d’Ariane, il nous parle aussitôt d’allaitement mixte.
“Et là j’ai réalisé que c’était important pour moi d’allaiter”
En sortant de chez le médecin, nous avions pour ordre de surveiller de près la prise de poids et avons donc loué un pèse bébé en pharmacie (je dis toujours à mes patientes de ne jamais faire ça…). Nous avons alors eu la surprise que le poids d’Ariane était très bien et que sa courbe était parfaite, il semble que la balance du médecin et celle de la maternité n’étaient pas réglées pareil et que nous avions eu cette inquiétude pour rien. Chouette!
Nous avons continué notre allaitement sans problème, mis à part un petit torticolis chez Ariane qui m’a provoqué quelques crevasses sur le sein droit car sa position était moins bonne de ce côté.
Une séance d’ostéopathie pour elle et la crème au miel de chez Melicare pour moi nous a solutionné cela. J’ai aussi loué un tire-lait pour reposer mon sein qui avait les crevasses, pendant quelques jours j’ai donné le sein gauche uniquement et j’utilisais le tire lait pour le droit afin de le laisser au repos.
4/ Combien de temps as-tu allaité? quels en ont été les plus gros avantages et inconvénients?
J’ai allaité exclusivement Ariane jusqu’à ses 3 mois. A partir de 3 mois nous avons mis en place un allaitement mixte.
J’étais contente de retrouver un peu de liberté.
Ariane a un tempérament très indépendant, elle a commencé d’elle-même à repousser le sein. Cela a été un peu difficile pour moi au début car j’étais prête à continuer plus longtemps mais c’est elle qui m’a exprimé l’envie d’arrêter.
Une fois de plus, on s’adapte 😉
Ariane a commencé la diversification alimentaire. Je vais lui proposer une diversification menée par l’enfant (DME) mais sans aucun stress, si un jour je n’ai pas le courage de voir de la nourriture partout sur mon sol de cuisine, je peux aussi lui donner une purée.
Les avantages de l’allaitement:
Je dirai la satisfaction de pouvoir nourrir son bébé soi-même, c’est très valorisant.J’ai aimé aussi la relation qu’il permet de tisser avec son bébé et je suis convaincue que l’apport pour lui en terme d’immunité est excellent.
Pour finir, je parlerai de la charge mentale, quel plaisir de n’avoir rien à trimballer.
Les inconvénients de l’allaitement:
L’allaitement impose à la mère d’être toujours présente si on ne pratique pas le tire-allaitement.
De plus, il attise toujours une certaine curiosité des proches ou des moins proches qui n’a pas lieu d’être.
Je trouve que prôner l’allaitement n’est pas toujours bienveillant, même au niveau de l’OMS qui le recommande jusqu’à 6 mois pour le bien de l’enfant alors que le congé maternité n’est accordé que jusqu’au 2,5 mois de l’enfant…
“Il vaut mieux un biberon donné avec amour qu’un sein à contre coeur”.
5/ As-tu déjà reçu des commentaires qui ont pu te marquer par des inconnus ou ton entourage au sujet de l'allaitement?
Par des inconnus non jamais, et personnellement je ne me laisse pas faire donc si ça avait été le cas je n’aurais pas eu de problème à le dire.
Par des proches j’ai déjà eu des petites remarques du style “vous n’arriverez jamais à vous séparer”, mais cela ne m’a jamais atteint.
6/ As-tu déjà renoncé d'allaiter ton bébé par peur de gêner?
Je n’ai pas beaucoup allaité en public, mais lorsque je devais le faire je ne me cachais pas (personne ne doit se cacher pour manger).
Si nous étions à table et que ma fille devait manger, il pouvait m’arriver de m’assoir à côté dans le canapé, mais je ne suis jamais partie dans une autre pièce.
7/ Comment et quand as-tu pris la décision d'arrêter? Cela était-il choisi ou contraint?
La décision est venue surtout de ma fille.
“Je me suis pris plusieurs beaux vents”
Je dirais que l’allaitement s’est arrêté assez naturellement d’un commun accord.
8/ Que dirais-tu à une maman qui aimerait essayer l'allaitement mais qui l'appréhende?
Qu’il faut essayer car ça n’engage à rien.
Qu’il est important de se faire accompagner par des professionnels formés et bienveillants si on en ressent le besoin. Qu’il faut éviter de trop trainer sur les réseaux sociaux car certains comptes soit disant bienveillants apportent surtout des injonctions et peuvent être déstabilisants.
Mon mantra pour l’allaitement est vraiment
“Il vaut mieux un biberon donné avec amour qu’un sein à contre coeur”.
Si on n’aime pas, il ne faut pas se forcer à continuer, en revanche si on aime ça mais que celui-ci nous provoque quelques douleurs, il faut tout de même un peu de persévérance pour se donner la chance de vivre un bel allaitement.
9/ Si tu devais recommencer une aventure d'allaitement, est-ce que tu changerais quelque chose?
J’achèterais la crème Melicare et les coquillages d’allaitement dès le départ pour essayer d’éviter les crevasses.
Sinon honnêtement mon allaitement reste 100% un bon souvenir.
Nous nous sommes beaucoup écoutés avec Ariane et le papa, même l’introduction de l’allaitement mixte a été une étape satisfaisante.
10/ Dans le kamasutra de l'allaitement, quelle est ta position préférée?
J’ai toujours aimé la position classique de la madone.