1/ Si tu le souhaites, peux-tu me faire une petite présentation de toi?
Je m’appelle Émilie, j’ai 32 ans et j’habite près de Rennes.
Je suis mariée depuis 7 ans maintenant et nous avons deux enfants: Liam qui a 3 ans et Nora notre petite fille de 14 mois.
Je viens vous raconter ici l’histoire de mes deux allaitements, il s’agit de deux histoires totalement différentes et j’ai souhaité en parler aujourd’hui pour montrer à quel point un allaitement préparé ou non peut se vivre de façon totalement différente.
2/ Quel était ton rapport avec l'allaitement avant de devenir mère?
Avant ma première grossesse, je ne souhaitais pas allaiter, cela ne m’intéressait pas.
Aucune femme autour de moi n’avait allaitée ou n’allaitait son enfant, c’était assez clair pour moi que je ne le ferais pas, tout en sachant en plus que je n’ai jamais été très à l’aise avec mon corps et que cela me semblait incompatible avec l’allaitement.
3/ Comment se sont déroulés tes accouchements
en quelques mots, et surtout le début de tes allaitements?
Pendant mes deux grossesses, j’avais pour projet d’accoucher le plus naturellement possible, je voulais passer le moins de temps possible à la maternité avant l’accouchement.
Pour Liam
Pour Nora
Pour l’accouchement de mon fils Liam, j’ai commencé à avoir des contractions à la maison mais je ne me suis pas précipitée.
Je savais que pour un premier enfant le travail pouvait être long et je préférais le vivre au maximum chez moi.
Et bien cela s’est bien terminé, heureusement pour moi mais j’ai bel et bien failli accoucher à la maison…
Au bout de 3h de contractions à la maison, j’ai perdu les eaux et les contractions devenaient très intenses, on a filé à la maternité à ce moment là.
Liam est arrivé seulement 10 minutes après notre arrivée… Cela a été très rapide et physiologiquement comme je le souhaitais, tout s’est super bien passé.
Pour l’accouchement de ma fille Nora j’avais le même projet d’accoucher le plus naturellement possible.
Nous étions à la maison sur le point de partir en balade quand j’ai perdu les eaux en mettant mes chaussures… je n’avais à ce moment-là aucune contraction.
Nous avons dû prévenir en urgence quelqu’un afin qu’il vienne garder Liam à la maison et sommes partis 1h30 plus tard à la maternité.
En arrivant, j’étais ouverte à 6/7, le travail a été plus long que pour Liam.
J’ai beaucoup marché et utilisé le ballon. J’ai accouché 6 heures plus tard après avoir perdu les eaux naturellement.
Tout s’est bien passé malgré une révision utérine* après l’accouchement qui m’a tout de même contraint à avoir une rachianesthésie*.
- *révision utérine: Vérification manuelle ou instrumentale de la vacuité utérine après un accouchement ou l’expulsion d’un fœtus. Elle est notamment pratiquée en cas d’hémorragie de la délivrance ou d’incertitude sur l’intégralité du placenta.
- *La rachianesthésie: consiste à injecter une anesthésique locale dans le canal rachidien. L’injection est effectuée en bas du dos entre deux vertèbres lombaires. À ce niveau, il n’y a pas de moelle épinière. Elle anesthésie les nerfs du bas du corps.
et le début des allaitements...
Pour Liam
Pour Nora
Après la naissance de Liam, une sage femme m’a proposé de faire la tétée d’accueil. A ce moment-là, je me suis dis “Pourquoi ne pas essayer au moins celle-ci”.
Et puis après réflexion, je me disais que le lait maternel était quand même le meilleur aliment possible pour mon enfant et que cela pourrait être bien d’essayer de lui donner. Après tout l’allaitement existe depuis le début de l’humanité, même les animaux le fond alors ça ne doit pas être si compliqué.
Je suis partie la fleur au fusil.
Malheureusement j’ai très vite ressenti des douleurs dans cet allaitement contrairement à mon accouchement qui avait été très fluide.
Les douleurs devenaient de plus en plus fortes, j’avais des crevasses énormes et un petit garçon né à plus de 4kg qui avait tout le temps faim.
Je ne l’ai pas bien vécu du tout et à la maternité je ne me suis pas sentie entourée et j’ai entendu beaucoup d’avis contradictoires sur ce que je devais faire ou non.
Au début de ma grossesse pour Nora, je ne voulais pas allaiter.
Puis je me suis dit que je ne pouvais pas rester sur un échec, que pour Liam je ne m’étais pas assez renseignée, pas assez préparée mentalement.
Pendant ma grossesse j’y ai beaucoup pensé, je me suis renseignée… le début a été différent car j’étais préparée.
Pendant la tétée d’accueil, je savais que j’allais y arriver, j’avais pour projet d’y arriver.
4/ Combien de temps as-tu allaité?
Pour Liam
Pour Nora
Malgré ma sage-femme qui a tout fait pour sauver mon allaitement, j’ai arrêté d’allaiter Liam au bout de 15 jours.
En sortant de la maternité j’étais pourtant très bien entourée, mais le mal était fait.
C’était trop difficile pour moi, je pleurais à chaque tétée. Je finissais par repousser mon fils de douleur alors qu’il avait faim. J’ai plusieurs fois repoussée des tétées car je n’avais pas envie de souffrir.
Je ne me sentais pas bien et mon fils a commencé à perdre du poids, c’est ce qui m’a décidé.
Pendant ces 15 jours, j’essayé de me soigner avec des compresses en hydrogel de chez Medela, mais cela n’a pas suffit à guérir les crevasses.
C’est une fois que j’ai arrêté l’allaitement que j’ai réussi à les soigner avec de la crème lanoline.
Ma fille a 14 mois aujourd’hui et je l’allaite toujours…
Pour cet allaitement, j’y suis vraiment allée étape par étape.
J’ai eu des crevasses au début, mais j’y étais plus préparée et j’étais au courant sur les astuces pour se soigner et les éviter au maximum.
Au bout de 3 semaines, je n’avais plus de douleurs en allaitant.
A ce stade, je ne m’étais pas donnée d’objectif, j’y allais au jour le jour et finalement les semaines se sont suivies et tout se passait bien.
Jusqu’à ses 3 mois où ma fille ne voulait plus téter.
Un matin, j’ai remarqué qu’elle avait une couche sèche au réveil et cela m’a beaucoup inquiété. En consultant ma sage femme et mon pédiatre, on a constaté qu’elle avait un trouble de l’oralité et ils m’ont alors conseillé de faire de l’orthophonie. Je n’ai jamais imaginé qu’un bébé de 3 mois pouvait avoir besoin de faire de l’orthophonie. Nous avons donc fait une rééducation et réappris à ma fille à mobiliser sa langue et à la placer pour téter. Au bout d’une dizaine de séances, tout s’est remis en place.
L’orthophonie a sauvé mon allaitement.
et selon toi, quels sont les plus gros avantages et inconvénients de l'allaitement?
Les avantages
Les inconvénients
Le lait maternel est l’aliment le plus adapté au bébé humain, c’est indéniable.
Bien sûr je ne juge pas du tout celles qui décident de ne pas allaiter, la preuve étant, j’ai donné des biberons à mon fils ;), mais c’est l’aliment le plus adapté c’est certain.
Le deuxième avantage de l’allaitement pour moi c’est la charge mentale, on a rien à penser. Je n’ai jamais acheté un biberon pour ma fille, je pars les mains dans les poches de chez moi.
C’est une vraie liberté.
L’allaitement en public reste un sujet compliqué je trouve…
Il m’est arrivé d’allaiter dans des restaurants/bars mais toujours avec l’appréhension de recevoir des remarques.
Lorsque j’allaite chez moi et que nous avons de la famille ou des amis, je ne suis jamais très à l’aise non plus, souvent je m’éloigne un petit peu, aussi car ma fille a besoin de calme à ce moment là.
5/ As-tu déjà reçu des commentaires qui ont pu te marquer par des inconnus ou ton entourage au sujet de l'allaitement?
Je n’ai jamais eu de remarque par des inconnus, en revanche j’en ai tout le temps de la part de mon entourage sur la durée de mon allaitement.
6/ As-tu déjà renoncé d'allaiter ton bébé par peur de gêner?
Oui cela m’est arrivé une fois dans un magasin de bricolage.
Ma fille avait 1,5 mois et je voyais bien qu’elle avait très faim. J’étais avec ma sœur, mes parents et mon mari et le magasin était bondé.
J’ai pris ma fille dans les bras pour la bercer, j’ai essayé de la calmer mais je n’y arrivais pas et je savais bien ce qu’elle voulait.
Comme je n’ai pas voulu l’allaiter en public, j’ai fini par sortir pour lui donner le sein dans la voiture.
7/ Comment et quand as-tu pris la décision d'arrêter ton allaitement? Cela était-il choisi ou contraint.
Pour Liam
Pour Nora
Pour Liam, comme expliqué, l’arrêt était contraint au bout d’une quinzaine de jours.
Pour le moment j’allaite toujours Nora, cela fait 14 mois et je n’ai pas prévu d’arrêter.
J’ai la chance d’avoir un congé parental, donc cela est relativement facile car elle est toujours avec moi et je n’ai pas eu à me confronter au tire-allaitement. Nous n’avons jamais été séparées plus de de 10/12 heures.
Je n’arrive pas à comprendre les recommandations de l’OMS d’allaiter son enfant exclusivement jusqu’à ses 6 mois alors que nous avons un congé maternité qui s’arrête au 2,5 de l’enfant… je sais que j’ai de la chance.
J’ai une reprise du travail prévue en septembre, on verra bien à ce moment là…
8/ Que dirais-tu à une maman qui aimerait essayer l'allaitement mais qui l'appréhende?
J’aimerais lui dire qu’il faut s’y préparer.
On dit que l’allaitement est naturel et cela est vrai, mais il faut y être préparée.
Il faut être au fait des éventuelles difficultés que l’ont pourra rencontrer et anticiper rien qu’en prenant des coquillages d’allaitement dans sa valise de maternité. Il n’y a pas besoin d’acheter beaucoup mais au moins ça.
Heureusement certaines femmes auront la chance de ne pas en avoir, et c’est tant mieux mais un grand nombre rencontrent des difficultés aussi bien physiques et que psychologiques et elles sont souvent liées à un manque de soutien et de préparation.
La venue d’un bébé se prépare un minimum et l’allaitement aussi, et il ne faut pas oublier le co-parent car l’allaitement n’est pas qu’une histoire de maman.
Le corps sait faire, mais parfois il faudra s’accrocher, heureusement les douleurs ne restent pas éternellement.
9/ Dans le kamasutra de l'allaitement, quelle est ta position préférée?
Très classique, je préfère la madone.
J’ai hâte de voir si en grandissant elle fera des acrobaties comme on peut voir en photo sur certains comptes 😉
