Tania – On ne m’avait pas dit que ça pouvait faire mal.

un allaitement une histoire

1. Si tu le souhaites, tu peux me faire une petite présentation de toi.

Je m’appelle Tania, j’ai 26 ans.  Je suis maman d’une petite fille qui s’appelle Thalya et je suis en couple depuis presque 10 ans avec son papa. Nous habitons à Orléans.

2. Quel était ton rapport avec l'allaitement avant de devenir mère ?

Depuis très longtemps je me suis imaginée allaiter mes enfants le jour où je serai mère. L’envie d’allaiter ne m’est jamais sorti de l’esprit et pourtant ma mère ne m’a pas allaité. J’ai l’intime conviction que le lait maternel est de l’or pour les bébés et que le lien que l’on crée à la naissance est différent.

Comment s'est déroulé ton accouchement en quelques mots ?

J’ai eu une grossesse et un accouchement idyllique. 

Enceinte j’ai eu la chance d’être très bien dans mon corps, j’étais continuellement heureuse et positive. 

Mon accouchement a été sans douleur et relativement rapide pour un premier !  J’ai perdu les eaux tôt le matin et j’ai accouché en fin d’après-midi. J’ai eu rapidement la péridurale comme je le souhaitais et tout a été parfait.

3. Comment s'est déroulé le début de ton allaitement ?

J’ai réalisé ma première tétée dans la salle de naissance.

La mise au sein a été naturelle au départ. Je ne m’étais pas du tout renseignée auparavant sur l’allaitement, j’avais uniquement participé au cours de préparation à l’allaitement organisée par la maternité. J’avais trouvé dans ce cours que l’on nous avait expliqué comment se passait un allaitement comme quelque chose de simple et naturel, ils ne nous ont pas du tout sensibilisé sur le fait que les débuts puissent être compliqués, douloureux ou pas naturels pour la mère ou l’enfant.

A la maternité, une sage-femme m’a aidé à positionner Thalya car la position que j’avais prise n’était pas bonne, le corps de ma fille était trop retourné, nous n’étions pas ventre à ventre.

J’ai senti dès la première tétée que mon bébé avec une succion très forte ce qui m’a malheureusement très rapidement provoqué des fortes douleurs et des débuts de crevasse. 

Après la première nuit, j’ai expliqué à la sage-femme venue me voir que j’étais réticente à donner à manger et que j’appréhendais les tétées car cela me faisait très mal. 

On m’a alors tout de suite proposé de mettre des bouts de sein… Les bouts de sein ne m’ont pas soulagé et j’ai très vite eu des crevasses sur les deux seins.
 
L’une de mes cousines qui avait vécu un début d’allaitement compliqué m’a conseillé de mettre une crème cicatrisante sur mes tétons entre chaque tétée (lanoline), cela m’a soulagé un petit peu.  
Elle m’avait aussi préconisé de tirer mon lait (le colostrum) pour lui donner à la seringue (pour ne pas l’habituer à la tétine).
J’ai alors commencé à tirer mon lait toutes les deux heures.

Ma fille a malheureusement en même temps déclaré un début de jaunisse et cela n’a pas aidé … elle a eu une perte de poids assez importante, j’avais très peu de colostrum, et elle arrachait souvent les câbles de la machine, sous les conseils de la maternité nous lui avons donné un biberon de lait artificiel pour la calmer.

J’ai ensuite eu la visite de la conseillère en lactation de l’hôpital. Elle est restée 5 minutes à peine car elle avait beaucoup de monde à voir. Elle m’a remis des documents d’informations sur l’allaitement, m’a conseillé de ne plus utiliser les bouts de sein expliquant que c’était la cause des crevasses, puis elle est partie.

 
Sur les conseils de la conseillère en lactation, j’ai retiré les bouts de sein pour mon sein droit, mais je les ai gardé pour le sein gauche car ma fille n’arrivait pas à le prendre correctement sans eux.
J’avais beaucoup de difficulté à rester positive.

Le vendredi soir, une sage-femme de nuit est arrivée, elle s’est assise à côté de moi et m’a écouté. Cela m’a fait du bien qu’elle prenne le temps.

Elle m’a demandé ce que je voulais faire ? 

Je lui ai répondu “je veux allaiter mon enfant mais j’ai atrocement mal et je ne sais pas comment faire”, tout cela jumelé avec le baby blues, j’étais vraiment perdue.

Ma montée de lait est finalement arrivée pendant la nuit après son passage.

 

J’ai accouché le lundi, ma montée de lait est arrivée tard le vendredi soir

 
La sage-femme m’a aidé à faire des cataplasmes de lait maternel sur mes seins et toutes les crevasses ont guérit pendant la nuit. 
Le samedi j’ai réussi pour la première fois à mettre mon bébé au sein sans douleurs, mais cela n’a pas duré très longtemps et nous avons constaté que mon bébé avait une très forte succion.

Je suis sortie de la maternité le dimanche, j’avais les deux seins engorgés par la montée de lait qui a été très forte par suite de beaucoup de stimulation au tire lait.

J’ai passé beaucoup de temps à me vider les seins sous la douche. J’avais un téton que mon bébé prenait plus facilement que l’autre, par facilité je proposais donc plus régulièrement celui-ci à mon bébé, j’ai donc connu des engorgements encore plus gros sur le deuxième sein. 

Je faisais des cataplasmes de lait toutes les nuits.

J’ai toujours maintenu l’utilisation du tire-lait aussi pour désengorger mais je gardais toujours des douleurs et des boules toutes dures dans les seins. 

Le passage à domicile de la sage-femme 48 h après la sortie de la maternité m’a rassuré car la prise de poids était bonne.

J’ai ensuite eu la visite des 11 jours à la PMI, et mon bébé avait pris uniquement 40 grammes depuis la dernière prise de poids, je me suis alors inquiétée de savoir si mon allaitement était efficace ou non. La personne que j’ai vu à la PMI m’a conseillé de changer ma position d’allaitement et d’allaiter dans la position “califourchon”. Elle m’a aussi conseillé de retirer les bouts de sein totalement, et de donner plus souvent le sein qu’elle a du mal à prendre.

A la suite de ce rendez-vous à la PMI, je décide de retourner voir la conseillère en lactation de l’hôpital. 

Elle s’est platement excusée d’avoir fait une visite trop rapide pendant mon séjour et a cette fois pris le temps de comprendre et d’observer mon allaitement. 

Pendant le rendez-vous elle s’aperçoit alors que j’ai une malformation du téton gauche, le lait ne sort pas aussi bien que sur le gauche, c’est comme-ci mon téton avait été ouvert en deux, pour prendre du lait, le bébé doit donc tirer beaucoup plus dessus. 

La conseillère m’a alors félicité d’avoir enlevé les bouts de sein, me donne quelques conseils pour gérer la production de lait. Elle se montre très joignable et me propose de la recontacter à tout moment si besoin.

 

Il m’aura fallu 2 mois pour ne plus avoir mal

 

Mon conjoint m’a tellement vu souffrir qu’il m’a tant de fois demandée d’arrêter car il ne supportait pas de me voir ainsi. Mais quand il a compris que je ne lâcherai pas, il a été un réel soutien. 
 

Cela a été une victoire collective 

allaitement maternel

4. Quels sont pour toi les inconvénients de l'allaitement maternel ?

Je ressens souvent le poids du regard des gens sur l’allaitement maternel.

Et pourtant je sais à quel point un combat est en cours sur les réseaux et autres pour changer cela.

Je me rends compte que je n’aime pas exposer mon allaitement en public et même parfois dans mon cercle intime.

Il m’est déjà arrivé d’être mal à l’aise avec certains membres de ma famille observant de façon très attentive la mise au sein du bébé qui est pour moi un moment d’intimité et ou les personnes devraient naturellement respecter cela. 

Une fois que le bébé a pris le sein, cela va mieux, mais je trouve que le regard des gens sur la mise au sein est parfois maladroit.

J’étais très pudique avant de tomber enceinte, bien entendu la grossesse nous apprend à enlever cette pudeur vis à vis du corps médical car nous n’avons pas le choix de toute façon, mais je reste pudique malgré tout et je n’apprécie d’ailleurs pas voir les poitrines des autres femmes que l’on peut afficher sur les réseaux sociaux.

Et les avantages ?

On tisse tout simplement un lien indescriptible avec son bébé. Le peau à peau, la tendresse, la proximité, c’est magique.

J’ai aussi le sentiment de lui donner la meilleure nourriture qu’il soit pour débuter sa vie.

5. As-tu souvent eu envie de renoncer ?

Oui une seule fois, mais le fais d’avoir ressenti l’état dans lequel cette pensée m’a mise, je savais que je n’arrêterais pas. 

J’ai voulu renoncé, mais je ne voulais pas

et as-tu déjà reçu des remarques qui ont pu te marquer de la part de ton entourage ou d'inconnus au sujet de ton allaitement ?

J’ai eu le sentiment de devoir souvent me justifier au sujet de la quantité que buvais mon enfant.

“Tu ne sais pas combien tu lui donnes avec l’allaitement, mais tu es sûre de lui donner assez ?” …

Des questions pénibles auxquelles j’ai appris à répondre “Si je sais très bien ce qu’elle prend, je connais mon enfant et je sais s’il a assez mangé ou non”.

6. As-tu déjà renoncer d'allaiter ton bébé par peur de gêner ?

Non, mais il est vrai que quand je pars de chez moi pour une journée à l’extérieur, je prends le réflexe d’avoir un biberon de lait tiré.

7. As-tu un objectif de durée pour cette aventure d'allaitement ?

Lorsque j’étais enceinte, et juste après la naissance, je m’étais imaginée terminer mon allaitement à la diversification (autour de 4-6 mois).

Maintenant que j’adore allaiter mon enfant, je ne sais pas quand je vais arrêter en réalité…

Je dois reprendre le travail avant les 6 mois de ma fille et mon employeur avant mon départ en congé maternité m’avait dit à voix haute :

 

“Un jour j’ai eu un employé qui avait voulu tirer son lait au travail et cela m’avait vraiment fait sué” 

 

Donc il est vrai que dans ce contexte je ne me projette pas tellement de retourner au travail avec un projet de tire-allaitement. Je sais qu’une loi existe mais cela n’est pas si simple.

8. Que dirais-tu à une maman qui aimerait essayer l'allaitement mais qui l'appréhende ?

Essayez car c’est de l’or, et si c’est difficile, crois en toi car tu y arriveras.

9. Si tu devais recommencer une aventure d'allaitement, est-ce que tu changerai quelque chose ?

Absolument RIEN

10. Dans le kamasutra de l'allaitement, quelle est ta position favorite ?

Ma position préférée est la madone.

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