Landy allaite sa fille Arya depuis bientôt 3 ans…
Mais cette aventure lactée n’est pas toujours un long fleuve tranquille.
Aujourd’hui, elle nous raconte son vécu de maman allaitante face aux regards des autres.
Hello Landy ! Tout d’abord, peux-tu te présenter rapidement ?
Alors, je m’appelle Landy, j’ai 33 ans, je vis en couple et j’ai 2 enfants. Ma première fille est âgée de 10 ans et ma seconde de bientôt 3 ans. Je suis salariée dans la fonction publique.
Quel était ton rapport à l’allaitement avant de devenir mère ?
Bien avant d’avoir des enfants, j’étais déjà convaincue par l’allaitement. Je me souviens étant ado être tombée sur un article qui parlait de la lactation induite. C’est ainsi que je me suis informée sur l’allaitement et ses nombreux bienfaits. Allaiter mes enfants était donc un choix qui coulait de source.
Peux-tu nous parler du déroulement de tes accouchements ?
Je n’ai jamais pris la péridurale. Ce n’était pas vraiment un choix, car ça s’est imposé à moi en lien à une contre-indication médicale. Mais je ne regrette absolument pas d’avoir vécu des accouchements physiologiques.
Le premier date d’il y a bientôt 11 ans. Je m’en souviens comme si c’était hier. A l’époque, j’étais en couple, mais dans une situation difficile. J’étais extrêmement isolée. Alors, je me sentais bien plus préoccupée par l’avenir que par l’accouchement lui-même… J’ai perdu les eaux et 2h30 plus tard j’étais à l’hôpital. Je ne me suis pas sentie écoutée par l’équipe médicale. Je leur disais que je sentais que mon bébé arrivait. Ce à quoi on me répondait “mais non, c’est un premier, ça va être long“. Alors que ma fille était bel et bien en train de naître, je pouvais toucher le haut de sa tête ! Au total, mon accouchement n’a duré que 45 minutes. J’ai cependant subi une épisiotomie sans que l’on me prévienne. Pour me recoudre, j’ai eu recours à l’hypnose, une technique qui a incroyablement bien marché, puisque je n’ai ressenti quasiment aucune douleur.
Mon second accouchement m’a semblé beaucoup plus douloureux, bien que rapide. J’ai beaucoup souffert et on m’a proposé du “gaz hilarant“ pour supporter les contractions. J’ai eu une déchirure jusqu’au périnée.
As-tu allaité tes 2 enfants ?
Oui, j’ai allaité mes 2 enfants. Ma première a tété 18 mois. Et ma deuxième fille de 31 mois est toujours allaitée.
As-tu rencontré des difficultés particulières dans la mise en place de tes allaitements ?
Oh oui… Déjà le manque de sommeil. Mais aussi, pour ma deuxième, des douleurs atroces, car elle n’arrivait pas à bien prendre le sein. J’ai aussi eu de gros soucis de maux de dos malgré l’essai de multiples positions d’allaitement…
Est-ce que tu t’es sentie soutenue dans ton allaitement par tes proches et la société de manière générale ?
Concernant strictement l’allaitement, au début, ça allait. Mais c’est devenu plus compliqué en grandissant; Dans notre société, on a plus de facilité à voir un nourrisson téter qu’un bambin. Cependant, pour moi l’allaitement impliquait le cododo. Dormir avec mon bébé était beaucoup plus simple pour gérer les tétés nocturnes ! Et assez rapidement, j’ai senti beaucoup de jugement autour de cela. Je trouve que le cododo est quelque chose de très mal perçu dans notre société, que ce soit dans la famille qu’au sein du corps médical. Au point où je n’osais plus en parler, j’évitais autant que possible le sujet.
Quel genre de remarques as-tu reçu autour du cododo et de l’allaitement ?
Du côté de mes proches, il ne s’agissait pas forcément de remarques directes. Car ils savaient que c’était mon choix et le respectaient un minimum. Mais ils n’avaient pas le même point de vue que moi sur la question. Je le ressentais…
Et à l’extérieur, notamment dans le milieu médical, j’ai eu pas mal d’affirmations du type : “Madame, normalement, à cet âge, ils ne sont plus sensés téter la nuit“ et ce, même avant l’âge de 6 mois ! je pense qu’il y a beaucoup d’ignorance sur l’allaitement et les besoins physiologiques des bébés, ce qui est dommage… Et quand ma fille a enfin fait ses nuits, vers l’âge de 2 ans, c’est l’allaitement tout court qui est devenu un problème. J’ai eu droit à des propos comme : “il faut couper le cordon“, “il faut la laisser grandir“…
Est-ce que tu arrives à passer au-dessus ou est-ce que c’est quelque chose qui t’affecte ?
Je passe au-dessus car j’ai continué à écouter les besoins de ma fille, tout simplement. Mais je ne peux pas dire qu’en mon fort intérieur, ça ne m’affecte pas. Je sais pertinemment que l’allaitement n’a que des avantages, aussi bien d’un point de vue santé que développement de l’enfant. Je suis informée sur les bienfaits du lait maternel. Pourtant, à force d’entendre ces critiques, venant même de professionnels, il m’est arrivée de me remettre en question, de me demander si ce n’était pas moi qui faisait fausse route… Mais malgré ces moments de doute, de faiblesse, mon intuition de maman connaît la vérité.
Comment as-tu trouvé les ressources de continuer malgré tout ?
En me connectant à ma fille, et rien qu’à elle. Je me dis que tant qu’elle réclame, c’est que l’allaitement lui est bénéfique. Et je ne parle pas seulement d’un point de vue nutritionnel, l’allaitement c’est beaucoup plus que ça : du réconfort, de la sécurité, de l’apaisement… Et c’est un moment de partage mère-enfant unique, dont je souhaite profiter pleinement.
As-tu déjà renoncé à allaiter en public à cause du regard des autres ?
Passé l’âge de 2 ans, j’essaie de ne plus allaiter en public. Non pas par honte, mais pour me protéger. Les gens ne comprennent pas. Par manque d’information, les réactions peuvent être désagréables ou condescendantes. Je ne veux plus m’infliger cela.
Qu’est-ce que tu aimerais dire à une future maman qui envisage d’allaiter ?
Fais comme tu veux et comme tu peux ! Et surtout, documente-toi. Prends le temps de réellement te renseigner sur la physiologie de l’allaitement. Comme on dit souvent, l’allaitement est naturel mais pas inné. Mais ne renonce jamais à cause du regard des autres, que ce soit des proches, des moins proches ou même des professionnels de santé.